Grâce à l’office du tourisme Étretat-Le Havre, nous avons découvert un musée riche en histoire et très original : la Maison du Patrimoine et des Cités Provisoires de Gonfreville L’Orcher. Et nous sommes revenus en-chan-tés ! A faire absolument, c’est passionnant ! Et, cerise sur le gâteau, c’est gratuit !
Deux vestiges de l’après-guerre bien cachés
Rien n’invite, a priori, le touriste à aller se perdre rue du 8 mai 1945 à Gonfreville. Le plateau est surtout occupé par une immense zone commerciale et une grande zone pavillonnaire, on est loin de la mer, loin du centre du Havre. Quand on arrive, on aperçoit deux espèces de petites maisons au milieu d’un quartier bétonné. Que vient-on faire là ?S’y dressent deux baraquements, l’un en bois, l’autre en briques, deux témoins d’un épisode de l’histoire qu’on aurait pu oublier. Et quel dommage cela aurait été !Le camp Philip Morris
Ces deux baraquements sont en effet les vestiges de l’immense camp de transit installé par les Américains à la fin de la seconde guerre mondiale. En effet, il fallait rapatrier tous les soldats venus faire la guerre en Europe, et c’est sur le plateau de Gonfreville, tout près du port du Havre, qu’entre 1,3 et 1,5millions de G.I’s ont convergé. C’était un camp de 3,7 km sur 2,2 km. Imaginez ! Ce territoire immense, où a été dressé un bon millier de baraques en tôles, destinées à accueillir jusqu’à 35 000 soldats à la fois ! Outre des logements, on y trouvait 7 cinémas, des bars, des salles de spectacles, un bordel militaire et, en face… une église 😊 Des frises chronologiques, des maquettes, des photos et des témoignages d’époque aident à vous replonger dans l’époque. Et, surtout, le guide, formidable, vous raconte tout cela avec une truculence extraordinaire.Des logements d’urgence pour les miséreux
Mais c’est sur la suite de l’histoire qu’il est le plus disert et joue parfaitement son rôle de « passeur ». En effet, après le départ de tous les soldats américains, une partie de ce camp destiné à être provisoire a été reconvertie en hébergements d’urgence pour les miséreux de la ville du Havre (détruite) qu’on ne savait pas où loger. 300 baraques d’environ 90 m2 ont été « reconverties » pour accueillir à peu près 600 familles, soit à peu près 3800 personnes. Elles ont vécu là dans des conditions épouvantables (on y est mort de froid, du choléra et on a eu bien faim ici ! ) et si tous ont tenu, c’est grâce, nous dit le guide, à la formidable solidarité qui s’est développée dans ces cités.Une visite vivante, riche et surprenante
La personnalité du guide fait beaucoup pour l’intérêt de la visite : engagé dans ce projet mémoriel depuis longtemps, il a interrogé des dizaines de témoins de cette époque. Il est ainsi généreux en anecdotes, nous raconte l’histoire des personnes sur les photos… On ne peut donc que vous recommander la visite guidée pour ce lieu à la muséographie originale qui immerge le visiteur dans une autre époque. C’est ainsi qu’on découvre les maquettes cachées dans des grands tiroirs, par exemple, et qu’on les comprend, grâce aux explications savoureuses de notre cicérone.Il faut aussi prendre le temps, ensuite, d’écouter quelques témoignages et de refaire un tour pour tout découvrir : ce petit musée est une pépite. Et, pour un éclairage historique et sociologique à la fois, on ne peut que vous recommander la visite de l’appartement-témoin du centre Perret en parallèle : le contraste est saisissant entre l’appartement chic du centre ville et la baraque en tôle où l’on survivait en périphérie.Depuis le Clos Delamare, il faut à peine une demi-heure en voiture pour se rendre à la Maison du Patrimoine et des Cités provisoires. Rue du 8 mai 1945 – Gonfreville l’Orcher – 02 35 13 16 53 –
Visites libres possibles les mercredis et samedis après-midi et visites commentées sur rendez-vous du mardi au samedi.