Distillerie L’Astravent : un monde d’arômes dans une ancienne ferme à escargots

Une ancienne grange à foin en briques et silex, deux alambics en cuivre, un jeune homme qui passe régulièrement ses mains sous l’alcool, les frotte et les hume avec concentration… pas de doute ! Nous sommes dans une distillerie. Mais, en plein pays de Caux, cette grange est bien insolite : Louis Thierry, le propriétaire des lieux, ne distille pas de l’alcool de pommes, comme on pourrait s’y attendre, mais… du whisky !

Oui, c’est une fabrique à gin et whisky que nous avons visitée, à une vingtaine de kilomètres du Clos Delamare et nous avons été enchantés par cette découverte et surtout, par la rencontre d’un distillateur enthousiaste au projet un peu fou.

Un projet aux profondes racines

Oui, il faut un petit brin de folie et beaucoup de passion pour vouloir développer un produit tout à la fois solidement ancré dans son territoire cauchois et marin et terriblement… exotique ! Ingénieur en matériaux, Louis Thierry a abandonné une voie toute tracée pour embrasser une carrière de distillateur artisanal. Il a commencé par rénover la grange du Clos Masure de ses parents, brique après brique. Très attaché à ses racines, il a pris soin de garder la trace des gens qui l’ont précédé dans ce lieu : ainsi a-t-il restauré la porte du bâtiment, faite par son grand-père et l’on y voit la trace d’une ancienne activité de la ferme : l’élevage des escargots.

Le lieu enfin prêt, il a fallu l’équiper : la cuve de brassage est un ancien tank à lait, amélioré gâce à une pale fabriquée par le père de Louis. Le premier alambic a été conçu et dessiné par Louis, le second est d’occasion et vient de Bourgogne. Les fûts, aussi de seconde main, n’ont pas été choisis au hasard non plus…

Whisky single malt et gin

Puis il s’agit de trouver la matière première : notre distillateur a l’ambition de faire du single malt et a trouvé un producteur normand pour son malt à Bayeux. Il a choisi de faire une distillation à l’écossaise (on distille deux fois) pure cuivre pour une qualité optimale… nous n’avons pas eu le bonheur de gôuter son whisky, en cours de production (saviez-vous qu’il faut environ 6 mois pour faire un whisky et qu’il faut ensuite trois ans pour le faire vieillir en fût ?)

Alors, pour nous faire patienter, le distillateur a décidé de faire du gin. Mais ne grimacez pas ! Son produit n’a RIEN à voir avec le gin des supermarchés, âpres et peu goûteux. Là encore, c’est avec beaucoup de soin que Louis Thierry a concocté son mélange d’épices : des baies de genièvre, bien sûr ; mais aussi des graines de cardamome très odorantes, de l’angélique médicinale… il ne nous dira pas tous ses secrets, il a bien raison ! Mais sachez que ce gin a un petit goût de mer grâce aux salicornes !

Le lieu, les instruments, les recettes et le savoir-faire… Louis a pensé ses produits de A à Z et c’est lui aussi qui a dessiné sa bouteille. Il a travaillé avec un graphiste pour l’identité de sa toute jeune entreprise et c’est réussi !

Une visite à ne pas manquer !

Bref, nous ne pouvons que vous recommander de faire un tour du côté de Maniquerville pour visiter la distillerie et goûter aux spiritueux de l’Astravent. Vous serez conquis par les produits mais peut-être encore davantage par l’artisan qui les fabrique : Louis Thierry a tous les talents d’un bon animateur : il est drôle (rien que son rire vaut le détour), il est une mine de connaissances sur le monde de la distillation et grâce à lui, vous apprendrez que « le gin, c’est du thé » et « l’alcool, c’est de l’eau » ; mais aussi qu’un chapeau doit être haut, qu’il faut couper la tête et la queue pour ne garder que le cœur, comment boucher un trou avec de la farine, des recettes de cocktails et plein d’autres choses encore !

Bref, au Clos Delamare, nous vous recommandons chaudement la visite de l’Astravent !