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Construction et décoration,

Patrimoine

Appartement témoin du Havre : une immersion dans les années 50

On annonce de la pluie demain… Que nous-conseillez-vous de faire ? Que peut-on visiter au Havre ? Voici deux questions que les hôtes du Clos Delamare nous posent souvent. Et ma première réponse, spontanément, est : « allez visiter l’appartement témoin ! »


Un appartement témoin ? Loin de nous l’idée d’envoyer nos hôtes dans une agence immobilière pour acquérir un logement au Havre 😊 Il s’agit de les plonger dans les années cinquante, au moment où la ville renaît, grâce à l’architecte Perret. Le Havre a en effet été détruite à 82 % en septembre 1944 et il faut alors reconstruite vite et bien. C’est Auguste Perret qui a été mandaté pour repenser Le Havre : pour faire vite et pas cher, il a alors recours à la préfabrication, à l’utilisation systématique d’une trame modulaire, et au béton. Cela donne un ensemble extraordinaire, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2005.


L’appartement témoin de 1949

Mais revenons quelques années en arrière… En 1949, des immeubles tout neufs sont sortis de terre et les appartements sont disponibles à la vente. Il s’agit maintenant de convaincre les Havrais de les acheter. Perret imagine alors un appartement témoin pour vendre ses logements. Pendant trois semaines, les visites s’enchaînent : certains sont sceptiques, d’autres enthousiastes… et, finalement, le bouche à oreille fonctionne et les appartements seront tous vendus. Et, en 2005, la Ville a l’idée d’acheter un appartement pour transmettre l’histoire de la reconstruction et en fait un « appartement témoin » ou « appartement mémoire ».


Un des premiers îlots de la reconstruction

Ce logement est situé dans un des premiers îlots de la reconstruction, constitué d’une tour de 10 étages et de deux parties basses de 3 étages avec une barre pour laisser passer l’air et la lumière. Les grands principes de construction sont le coulage de dalle avec des poutres traversantes, d’une longueur optimale de 6,24 m (elle peut se diviser par deux ou par trois) : ainsi peut-on standardiser les éléments de remplissage.


Un appartement judicieusement agencé

D’une surface de 99 m2, l’appartement témoin occupe deux volumes de 6,24 m et sa profondeur est idéale pour la pénétration de la lumière. On remarque que les pièces de court séjour sont plus basses de plafond (couloir, salle de bain, hall…) : on a en effet abaissé les plafonds pour faire passer le chauffage, un système à air pulsé révolutionnaire pour l’époque. Tout est très moderne : la cuisine est davantage conçue comme un laboratoire de préparation culinaire : elle n’offre pas d’espace pour le repas mais est ouverte sur le living room avec des cloisons coulissantes. Elle est dotée d’un vide-ordures, d’une colonne suédoise pour faire passer l’air… Et l’on remarque qu’il y a partout des placards : les familles avaient en effet tout perdu dans les bombardements et emménageaient sans meubles… Bref, tout était très moderne et bien pensé !


Une plongée dans un appartement bourgeois des années 50

Quand la Ville a racheté cet appartement et a souhaité en faire un lieu de visite, il a fallu penser à le meubler. Un travail d’enquête et de « chine » minutieux a été entrepris et le visiteur vit une expérience de « remontée dans le temps » : tout, des meubles au moindre accessoire, peut rappeler les intérieurs de nos grands-parents ou arrière-grands-parents : ustensiles de cuisine, téléphone, lit cosy, etc. Les amateurs de « vintage » seront comblés ! Et les amoureux des belles choses : les meubles de Gascoin, par exemple, (un ébéniste havrais) sont d’une magnifique simplicité, tout comme les chaises et le sofa de René Gabriel.

Bref, c’est une visite qui vaut le détour, pour les grands comme pour les enfants. Ce n’est pas un simple musée qu’on découvre, mais tout un monde évanoui qui nous surprend par sa modernité.

Et c’est une expérience qu’on vous conseille de coupler avec la visite de la Maison du Patrimoine et des Cités Provisoires de Gonfreville L’Orcher pour comprendre que tous n’ont pas été logés de la même façon… On peut alors toucher du doigt et des yeux la différence entre les prolétaires et les bourgeois. Absolument passionnant et vivant !


Attention ! l’appartement n’est pas extensible et la jauge des visiteurs est limitée : c’est pourquoi la réservation de la visite est obligatoire. Cette visite fait partie du Pass Tourisme Le Havre-Étretat.