Des noms peu connus dans l’histoire, et pourtant…
Quand, du Clos Delamare, le promeneur descend vers la valleuse de Bruneval, les noms des rues l’interpellent : il descend l'avenue Charles Chauveau à la Poterie, poursuit sur l'avenue du Colonel Remy à Saint Jouin Bruneval... et s’il souhaite ensuite remonter par le chemin sur la falaise, c'est la voie du Major Frost que l'on empruntera... mais qui sont tous ces Messieurs ?
Les acteurs d'un raid éclair pendant la nuit du 27 février 1942. Nom de code : opération Biting !
La radiodétection, un enjeu majeur de la guerre
120 parachutistes anglais, 12 avions sont mobilisés pour une opération entre raid militaire et espionnage sur la Poterie Cap d'Antifer ; une opération britannique, épaulée par le réseau de résistance Notre-Dame. Mais en quoi La Poterie Cap d’Antifer est alors un endroit stratégique ? Eh bien, deux radars, un radar Freya et un radar Würzburg, d’une portée de 40 km, étaient installés sur les falaises. Et, plus que leur destruction, c’est la saisie des radars qui intéressait les Britanniques afin de comprendre l’avancée de la technologie allemande et trouver des systèmes de parade. Comment faire pour se saisir d’un radar sans éveiller les soupçons des Allemands ? Mener un raid et faire croire à sa destruction alors qu’on rapportait les pièces essentielles en Angleterre pour les étudier…
Allier pour la première fois les armées de l’air, de terre et la marine pour une opération à haut risque !
Les falaises de La Poterie sont bien trop hautes pour une opération commando et on va mobiliser pour l’occasion des troupes aéroportées commandées par le major Frost. Le plan initial subira bien des adaptations : une partie des parachutistes sera larguée sur Saint Jouin Bruneval, le réembarquement ne se fera pas sans difficulté (résistance des Allemands, difficile liaison radio avec la marine…) Mais l’opération réussit : les Anglais parviennent à comprendre le fonctionnement du radar et à développer des moyens de brouiller les écrans radars allemands !
Une exposition formidable : du raid de Bruneval au mur de l'Atlantique
Tout cela est à découvrir à Bruneval, à 2 km du Clos Delamare et, jusqu’au 29 mai, dans une formidable exposition à la Maison du Patrimoine du Havre, imaginée pour commémorer les 80 ans de l’Opération Biting.
Cette exposition est intéressante à plus d’un titre : on y découvre les détails d’une opération méconnue et admirable mais, surtout, ce raid est mis en perspective dans « l’écosystème » de la guerre : on y apprend que ce raid n’est pas une opération isolée sur les côtes françaises à cette période, on comprend alors pourquoi les Allemands se sont décidés à construire le Mur de l’Atlantique, immense entreprise qui mobilisera 300 000 hommes et aura pour ambition d’implanter 15000 bunkers sur les 4000 km de côte qui vont de la Norvège à Bayonne (dont 750 pour la pointe de Caux).
Nous allons inviter nos hôtes du printemps à aller voir cette exposition… qui mériterait de devenir permanente ! Mais chut, il paraît que le 29 mai ne verrait pas la fin de cette belle exposition et qu’elle pourrait devenir itinérante… et arriver jusqu’à la Poterie et Saint-Jouin ?
Bravo en tout cas aux concepteurs de cette exposition passionnante !
Du Raid de Bruneval au mur de l’Atlantique » : du samedi 26 février au dimanche 29 mai 2022, à la Maison du patrimoine du Havre, place Perret. Accès libre et gratuit aux horaires d’ouverture.
En savoir davantage : un reportage du 19/20 de France3 Normandie
Bandes d'aluminium capables de saturer les écrans de veille des radars (< exposition Du Raid de Bruneval au Mur de l'Atlantique)
A noter : l'exposition est finalement visible tout l'été 2022 à la Halle à tout faire de Saint-Jouin, du lundi au vendredi de 9h à 17 h.